Pourquoi je n’accepte pas les compliments ?

Pourquoi un décalage entre ce qu’on me dit et l’image que j’ai de moi ?

Il arrive souvent que je me sente en décalage avec les retours que les autres me font. Quand le compliment me semble énorme, « tu es compétente, inspirante, généreuse, formidable… »

Parfois quand je reçois un compliment quelque chose en moi résiste.

Dans ces cas-là on fait tous pareil : On sourit poliment, on détourne la conversation, on fait un compliment à l’autre, on répond “merci” par automatisme, mais au fond, on doute. Pourquoi ce fossé entre l’image que les autres nous renvoient et celle que nous avons de nous-mêmes ? Pourquoi est-il si difficile d’accepter un compliment sans malaise ou justification ?

1. L’image de soi est une construction lente, souvent rigide

L’image que nous avons de nous ne se construit pas uniquement sur qui je suis aujourd’hui.  Elle date parfois dhier, elle est déformé par des miroirs… L’image de moi prend racine dans l’enfance, dans mon histoire, dans mes blessures, dans les shéma répétitifs… Elle est façonnée par les messages que nous avons reçus – explicites ou implicites – et par notre manière de les interpréter.

Si l’on a grandi avec des injonctions à l’humilité, avec des critiques récurrentes ou dans un environnement où l’amour était conditionnel, alors notre identité s’est peut-être organisée autour d’un doute fondamental : suis-je vraiment digne d’estime ?

2. Quand un compliment vient heurter un système interne de croyances

Lorsqu’on nous fait un compliment, il vient parfois s’opposer frontalement à nos croyances internes : “je ne suis pas assez”, “je dois faire plus”, “si les autres savaient vraiment…” Ce retour positif peut alors être vécu comme une dissonance cognitive. Le cerveau résiste : ce n’est pas que le compliment est faux, c’est qu’il entre en conflit avec la vision, bien ancrée, que nous avons de nous-mêmes. Accepter le compliment demanderait de remettre en question des fondations internes… et ce n’est pas confortable.

3. Quand le compliment met en lumière ce que l’on cache ou ce que l’on craint

Paradoxalement, être mis en valeur peut réveiller de la honte. Le compliment pointe quelque chose de lumineux en nous – mais cette lumière peut aussi faire apparaître nos ombres, nos doutes, nos manques. Il met sur le devant de la scène une qualité que l’on essaie parfois de minimiser pour rester “à l’abri”. Il nous expose. Et pour certaines personnes, cette exposition est menaçante. Accepter le compliment serait prendre le risque de se montrer.

4. Recevoir demande autant de maturité que donner

Savoir recevoir – que ce soit un compliment, un cadeau, une attention – demande un ancrage intérieur. Cela suppose de reconnaître que l’on mérite ce qui nous est offert, que l’on a de la valeur, indépendamment de nos actions, de nos performances ou de notre perfection. Ce n’est pas toujours naturel. Cela s’apprend. C’est assez fréquent de travailler l’estime de soi, le réajustement de l’image que j’ai de moi en #coaching intégratif. Et cela commence souvent par une forme de “désapprentissage” : cesser de croire qu’on doit être modeste au point de s’effacer, qu’accepter c’est être prétentieux, ou que recevoir c’est se mettre en dette.

5. Et si l’autre avait raison ?

Challenge : La prochaine fois qu’on vous fait un compliment, ne cherchez pas à le justifier ou à le diminuer. Respirez. Laissez-le exister. Savourez. Vous n’êtes pas obligé d’y croire tout de suite. Mais vous pouvez lui faire une place. Peut-être que ce que l’autre voit en vous est une partie de vous que vous n’avez pas encore reconnue. Peut-être que ce reflet, pour vous surprenant, est un appel à vous réconcilier avec une image plus complète, plus nuancée, plus juste de vous-même.

Conclusion

Le décalage entre ce qu’on vous dit et ce que vous croyez de vous n’est pas une erreur : c’est un espace fertile. Il signale une ouverture, une possibilité d’évolution. Plutôt que de le fuir, vous pouvez choisir de l’explorer. Non pas pour devenir ce que les autres attendent de vous, mais pour rencontrer des parts de vous encore inaccessibles. Et si vous commenciez par cette simple question : et si j’étais, en partie, aussi ce qu’on me dit ?

Nathalie